Le Casseur d’os – volume 11

Couverture du Casseur d'Os volume 11

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XVI Novembre 2009 à octobre 2010

J.L. Grangé, S. Duchateau, F. Ballereau, S. Péres, P. Urbina-Tobias

Cette synthèse 2009-10 porte sur plus de 49 000 données reçues. Tout en ayant à l’esprit que le qualitatif (données informatives à quelque titre que ce soit) doit l’emporter sur le quantitatif (nombre brut), un tel chiffre permet de mieux appréhender les cycles de vie de notre avifaune.

Parmi les faits marquants de la période considérée, 3 espèces nouvelles ont été contactées : Sarcelle à ailes vertes Anas carolinensis à Puydarrieux, Pétrel de Bulwer Bulweria bulwerii à Tarnos et Bécasseau rousset Tryngites subruficollis au lac de l’Ayguelongue.

De nombreuses espèces occasionnelles ont également fait l’objet de nouvelles observations : Cygne de Bewick Cygnus columbianus, Vautour moine Aegypius monachus (au moins 4 individus différents), Busard pâle Circus macrourus (10e donnée), Aigle de Bonelli Aquila fasciata (2 données), Aigle pomarin Aquila pomarina (2 données), Faucon d’Eléonore Falco eleonorae (4 individus), Outarde canepetière Tetrax tetrax, Bécassine double Gallinago media (2e donnée récente), Chevalier stagnatile Tringa stagnatilis (3 données constituant les 8e à 10e observations), Labbe à longue queue Stercorarius longicaudus, Coucou-geai Clamator glandarius (2 individus constituant les 18e et 19e données), Rollier d’Europe Coracias garrulus (3 données), Hirondelle rousseline Cecropis daurica (2 données pour 3 individus), Pipit à gorge rousse Anthus cervinus (seulement la seconde donnée pour le Bassin de l’Adour), Fauvette passerinette Sylvia cantillans (9e donnée) et Bruant lapon Calcarius lapponicus (3e donnée).

Il faut relever la reproduction de plusieurs espèces d’anatidés pour l’année 2010 : Canard souchet Anas clypeata, Sarcelle d’hiver Anas crecca, Canard chipeau Anas strepera et Tadorne de Belon Tadorna tadorna. L’hivernage du Pipit de Richard Anthus richardi est confirmé à Biarritz. Des effectifs printaniers importants pour le Bassin de l’Adour de certains limicoles ont été relevés sur le marais d’Orx : Grand Gravelot Charadrius hiaticula avec 300 individus, Bécasseau variable Calidris alpina avec 4000 oiseaux, Chevalier gambette Tringa totanus avec 1000 individus. La forte tempête de fin novembre-début décembre a amené sur les côtes atlantiques des effectifs d’Océanites culblanc Oceanodroma leucorhoa sans précédent : 5000 à Messanges et Vieux-Boucau et 7800 à Fontarrabie le 1/12/2009. Le Phalarope à bec large Phalaropus fulicarius a lui aussi été rabattu sur les rivages avec un maximum de 100 individus le 30/11/2009 à Anglet.

Comme dans les précédentes NOP, toutes les espèces ayant fait l’objet d’une observation dans un précédent numéro sont reprises systématiquement, même si aucune mention les concernant n’est disponible pour la période considérée : ceci permet d’établir une liste exhaustive des espèces observées depuis octobre 1994 sur le territoire concerné, soit 374 espèces (auxquelles il faut rajouter 17 espèces dont les observations sont du XIXe ou du début du XXe siècle).

Nous avons utilisé les appelations suivantes : lac de l’Arrêt-Darré (commune de Laslades), Ger («lande de Ger» sur les communes d’Ossun, Azereix, Ger et Ibos), lac du Gabas (Luquet, Gardères, Lourenties et Eslourenties-Daban), lac de l’Ayguelongue (Momas et Mazerolles), Artix (« lac d’Artix » à Pardies et Artix), Biron (« Saligue aux Oiseaux » à Castétis et Biron), Étang Blanc (Seignosse, Soustons), Orx (« marais d’Orx » sur les communes de Labenne, Orx et Saint-Andréde- Seignanx), Plaiaundi (commune d’Irún).

Tableau synthétique des caractéristiques des arbres de nid des Picidés

Tableau synthétique des caractéristiques des arbres de nid des Picidés dans le bassin de l’Adour.

Bilan synthétique 2010 du camp de baguage des barthes de la Nive

P. Fontanilles

Le camp de baguage des barthes de la Nive, porté par l’Association OISO (Observatoire d’Intérêt Scientifique Ornithologique), a eu lieu pour la troisième année consécutive, avec toujours autant d’enthousiasme.

Ce camp a pour but l’étude de la migration des passereaux de zones humides et s’inscrit dans les programmes internationaux et nationaux de recherche du Muséum National d’Histoire Naturelle, en particulier celui du Phragmite aquatique, espèce mondialement menacée et faisant l’objet d’un plan national d’action.

Cette année, le camp a eu lieu sur une large période, du 1er août au 02 octobre 2010 et plusieurs équipes se sont succédées, bénévoles ou professionnels. 7 bagueurs, 15 aides bagueurs en formation et 24 autres personnes ont ainsi participé aux opérations journalières. La formation de futurs bagueurs et l’accueil d’ornithologues motivés sont pour nous des priorités : 83 % des oiseaux ont été manipulés par des aides bagueurs.

Au total, 5013 captures ont été faites pour 4425 baguages et 588 contrôles. Parmi ces derniers, 48 provenaient d’un autre site (15 de France et 33 d’un pays étrangers) : 3 Phragmites aquatiques provenant de Belgique, estuaires de Seine et de Gironde ; Gorgebleue ssp cyanecula 1 de Pologne et 1 Belgique ; 1 Fauvette des jardins de Norvège ; 1 Rossignol philomèle Hollandais ; Phragmites des joncs 2 de Norvège, 1 Belgique et 7 d’Angleterre ; Rousserolle effarvatte 1 de Hollande, Allemagne, Norvège, 5 belges, 10 anglaises.

50 espèces différentes ont été répertoriées. Les plus représentées sont les Rousserolles effarvattes, Fauvettes à tête noire, Fauvettes des jardins et Phragmites des joncs. 37 captures de Phragmites aquatiques ont été faites.

Le mois d’août a permis 2712 captures dominées par la Rousserolle effarvatte, le Phragmite des joncs et la Fauvette des jardins. Le mois de septembre offre un bon potentiel avec 2267 captures dominées par la Fauvette des jardins et la Fauvette à tête noire.

Une étude a également porté sur les prairies et roselières linéaires en bordures de fossés. Elle montre l’intérêt de conserver ces roselières linéaires servant pour les espèces paludicoles d’abris, de lieu de nourriture et d’interface avec les prairies dont l’humidité fut particulièrement déficiente cette année. La disponibilité alimentaire des différents habitats du site a été évaluée par la mise en place de pièges à insectes. Ce travail est en cours de traitement. Les premiers résultats montrent une plus grande richesse en insectes dans les prairies et les roselières humides des fossés que dans la grande roselière.

La migration des passereaux ayant lieu principalement de nuit à cette période, une approche par radar est nécessaire pour connaître la chronologie des vols nocturnes, heure de démarrage et d’arrêt, intensité, altitudes… Cette opération a fait la « une » du journal Sud Ouest. Les premiers résultats montrent que, par condition de beau temps, cette migration est très importante sur notre site, supérieure aux flux généraux français de la côte atlantique.

Diverses animations de sensibilisation aux oiseaux migrateurs ont été organisées avec les communes du site et France 3 région a réalisé un reportage sur le camp.

Densité et biologie de reproduction du Faucon hobereau Falco subbuteo dans les Hautes-Pyrénées

J.-M. Fourcade, D. et C. Raguet

De 2004 à 2010, la biologie de reproduction du Faucon hobereau Falco subbuteo a été étudiée dans les Hautes-Pyrénées.

Deux quadrats distincts ont été parcourus avec des densités de 9,5 couples/100 km² dans une vallée intensivement cultivée et 11,9 couples/100 km² dans un milieu collinéen bocager. La productivité sur 6 années s’est élevée à 1,5 jeunes pour 63 couples cantonnés, avec un succès de reproduction égal à 77,8 %. Sur les 14 échecs observés, 10 ont été attribués aux conditions météorologiques et 2 à la prédation de juvéniles bien développés.

La phénologie de la reproduction est précisée avec une date de réoccupation de nombreux sites dès la seconde décade d’avril, 75 % des pontes concentrées dans la seconde quinzaine de juin, une date moyenne d’envol le 19 août.

Les résultats obtenus sur la densité et la répartition des couples témoignent d’un milieu très accueillant pour l’espèce et sont discutés en regard des connaissances déjà acquises, notamment d’après les résultats quantitatifs obtenus lors de l’enquête nationale sur les rapaces nicheurs en 2000-2002 qui établissait un noyau dense de reproducteurs dans la partie sud des coteaux de Gascogne. Nos résultats peuvent vraisemblablement être étendus à l’ensemble des reliefs vallonnés sous-pyrénéens (parties centrales et occidentales) et aux vallées alluviales des gaves béarnais, de l’Adour et de la Garonne. En ce sens, ils confortent la place importante de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, respectivement première et seconde régions françaises en termes d’effectifs.

Distribution de la Chevêche d’Athéna Athene noctua dans le bassin de l’Adour. Estimation des densités et de la dynamique des noyaux recensés

P. Urbina-Tobias

Des recherches pour déterminer la distribution de la Chevêche d’Athéna Athene noctua dans le bassin de l’Adour ont été menées entre 2001 et 2010. Elles ont permis la découverte de 124 sites différents répartis sur 80 communes soit 1,55 site par commune en moyenne.

Le massif landais semble circonscrire au nord la population du piémont dont les plus fortes concentrations se situent au Pays basque, dans le sud-ouest landais et au nord du département des Hautes-Pyrénées. Environ 75% des données peuvent être associées à des noyaux de populations de densité moyenne 0,12 individu au km2. La proximité des noyaux connus au Pays basque, au sud-ouest du département des Landes et dans celui des Hautes-Pyrénées suggère que des échanges entre certains noyaux sont possibles. Les densités relevées au sein de ces sous-populations ainsi que les comportements observés laissent envisager une dynamique encore favorable.

Ailleurs en Chalosse-Tursan et en Béarn, la situation semble plus précaire et nettement moins favorable aux populations de chevêche. La Chevêche d’Athéna apparaît donc en déclin dans les Pays de l’Adour depuis les recherches menées lors de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine de 1974-1984 et de Midi-Pyrénées en 1985-1989.

Régime alimentaire et détails sur la formation d’un dortoir d’Élanion blanc Elanus caeruleus

J.-M. Fourcade

Un dortoir d’Élanion blanc Elanus caeruleus a été suivi dans les Hautes-Pyrénées au cours de l’hiver 2007/2008, avec une collecte simultanée des pelotes régurgitées sous le dortoir.

L’heure des premières arrivées a évolué au cours de l’hiver, avec un retardement par rapport au coucher du soleil. Le nombre d’individus au dortoir fut négativement corrélé à la température à la tombée de la nuit, illustrant l’importance du dortoir chez cette espèce.

Le régime alimentaire, largement dominé par le Campagnol des champs Microtus arvalis, évolue significativement en fin d’hiver avec une augmentation de la fréquence des oiseaux. Les masses des pelotes et le nombre de proies par pelote sont restés stables, à un niveau démontrant une bonne qualité de l’hivernage d’un point de vue trophique. Nous mettons en parallèle le retardement des premières arrivées et la modification du régime alimentaire, et évoquons la spécificité de l’Élanion blanc comme prédateur présentant un pic d’activité en soirée, en décalage avec les autres rapaces potentiellement concurrents.

Probabilité de détection du Monticole de roche Monticola saxatilis et variation locale d’effectifs en haute vallée d’Ossau (Pyrénées)

F. D’Amico

L’étude du Monticole de roche, espèce des espaces ouverts avec escarpements rocheux, représente un challenge particulier compte tenu d’une détectabilité a priori difficile et d’un manque de connaissance sur les tendances populationnelles aux différentes échelles spatiales (locales à internationales).

L’objectif de ce travail est d’estimer la probabilité de détection (P) de mâles chanteurs de l’espèce en caractérisant, au moyen d’un modèle bayésien simple, la variabilité spatiale et temporelle. Des transects linéaires de 1 km de long ont été réalisés en 3 sites de reproduction avérée de l’espèce en Haute vallée d’Ossau (Parc National des Pyrénées) entre 2004 et 2006.

La probabilité de détection de mâles chanteurs de Monticole de roche varie (mini : P = 0,560 ; maxi : P = 0,846) selon le site. Cette probabilité est plus élevée en début de saison, pendant le cantonnement des mâles reproducteurs (P = 0,808), qu’ensuite (P = 0,676). Pendant la saison de reproduction, la probabilité de détection décroît également au cours de la journée (de P = 0,799 le matin à P = 0,500 en fin d’après-midi).

Pour cette population locale, entre 1995 et 2010, l’effectif estimé de mâles chanteurs sur un autre site suivi annuellement a varié de façon irrégulière et importante (maximum N = 3,53 mâles en 1996 et 2007 ; minimum N = 0 en 1999) sans tendance temporelle significative. Les hypothèses pouvant expliquer les variations importantes d’effectifs d’une année sur l’autre sont de deux types: i/ opérant sur les terres d’hivernage, sur les zones de reproduction ou sur les routes de migration ou ii/ biais non appréhendés ici (et donc à estimer dans le futur) liés à des variations interannuelles importantes de probabilité de détection d’une année sur l’autre.

Le Monticole bleu Monticola solitarius, nouvelle espèce nicheuse pour les Pyrénées occidentales

J.-L. Grangé, A. Nerrière, D. Marguerat

Découvert en 2001 sur un site frontalier des Pyrénées basques, le Monticole bleu Monticola solitarius a fait, depuis lors, l’objet de prospections ciblées afin de rechercher d’éventuels nicheurs en territoire français. C’est en 2011 que deux couples reproducteurs sont découverts et suivis sur la commune de Sare. Nous présentons la description de cette première nidification (biotope, phénologie de reproduction, taille de la population) après avoir brossé un tableau du statut ancien de l’espèce dans les Pyrénées occidentales et centrales.

Découverte de l’hivernage du Pipit de Richard Anthus richardi sur le littoral basque

S. Duchateau, J.-B. Etchebarne

L’hivernage du Pipit de Richard a été observé sur l’aéroport de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) d’octobre 2009 à avril 2010, avec un effectif maximal de 4 individus. Les précédentes mentions régionales de cette espèce rare sont rappelées, de même que les quelques cas d’hivernage documentés en France.

Regroupements prénuptiaux de Faucons hobereaux Falco subbuteo sur le piémont pyrénéen

D. et C. Raguet, J.-M. Fourcade

Un groupe de 52 à 60 Faucons hobereaux Falco subbuteo a été observé le 25/04/2011 sur l’Adour en amont de Tarbes. Une telle concentration est exceptionnelle chez cette espèce : en France, seul le gave de Pau a déjà fait l’objet de tels rassemblements. L’attrait du piémont pyrénéen comme lieu de halte prénuptiale est mis en valeur par une revue bibliographique des données européennes et françaises : ailleurs en Europe, ce phénomène n’est régulier qu’en Angleterre où il ne s’est développé qu’au cours des années 2000.

Sur un morphe de plumage peu commun chez l ‘Aigle botté Aquila pennata

J.L. Grangé

Nous rapportons la description d’un morphe rarement observé chez l’Aigle botté Aquila pennata : les parties supérieures étaient classiques pour l’espèce ; par contre, l’individu observé possédait des couvertures sous-alaires claires traversées de trois lignes roux noisette constituées de points grossiers, rapprochés (même teinte que les bandes des couvertures sous-alaires du mâle de Busard cendré Circus pygargus). Le haut de la gorge était strié de flammèches de la même teinte.

Observation de l ’Alouette haussecol Eremophila alpestris dans les Landes. Mise au point sur son statut dans le bassin de l ’Adour

S. Tillo

À la suite de plusieurs observations d’Alouette haussecol Eremophila alpestris dans le département des Landes, nous faisons le point sur le statut ancien et récent de cette espèce extrêmement nordique, d’occurrence très rare dans le bassin de l’Adour, mais dont plusieurs habitats pourraient lui être favorables lors de haltes migratoires ou plus rarement en hivernage.

Confirmation de la présence du Pélobate cultripède Pelobates cultripes dans le département des Landes

J.-J. Hourcq

Au mois de décembre 2009, un Pélobate cultripède Pelobates cultripes était trouvé dans un séchoir à grains d’une exploitation agricole des Landes (40). Il s’agissait de la seconde observation de ce rare amphibien pour ce département après celle de LATASTE… en 1875.

Envol difficile d’un jeune Aigle royal Aquila chrysaetos en vallée d’Aspe, juillet 2008

D. Melet

Les notes qui suivent concernent un couple d’Aigles royaux de la vallée d’Aspe et son aiglon. Le suivi du site a été réalisé conjointement par les agents du Parc National des Pyrénées (secteurs Aspe : Jérémy BAUWIN, Roland CAMVIEL, Frédéric CHAVAGNEUX, Didier MELET, Patrick NUQUES, Christian PLISSON) et les naturalistes du GOPA (Muff GUSH, Stéphane HOMMEAU).

Ce récit circonstancié de l’élevage d’un jeune Aigle royal tombé du nid à un âge précoce (plus de 15 jours avant l’envol) est intéressant à plus d’un titre : la chute, n’ayant pas entraîné la mort ou des blessures invalidantes, a permis aux adultes d’assurer le nourrissage près du point de chute du jeune aiglon. Ce phénomène, bien que rare, est connu. Par contre, le comportement consistant à construire une aire provisoire (nommée pseudo-aire par l’auteur) est remarquable. Ceci met en relief la plasticité comportementale de l’espèce qui a su parfaitement faire face à une situation extrême, certainement non vécue préalablement. Enfin, il est à remarquer que les observateurs ont, tout de suite, pris conscience de l’intérêt et de la rareté d’une telle situation, mettant en place un suivi adéquat avec le minimum de dérangement possible (l’approche du jeune a été nécessitée par le besoin de connaître son état de santé, en vue, si nécessaire, d’un sauvetage définitif).

Hirondelles de fenêtres Delichon urbicum: un support de nidification qui nous a surpris !

A. Neau, M. Kérouédan

Lors d’une ballade, le 8 juillet 2010, en vue de l’observation de grands rapaces au col du Somport (vallée d’Aspe, Pyrénées-Atlantiques), nous nous sommes arrêtés à la station de ski d’Astun sur le versant espagnol des Pyrénées. Là, outre trois circaètes Circaetus gallicus, il y avait de nombreuses Hirondelles de fenêtres Delichon urbicum ; nous en avons compté 52 ainsi que 2 Hirondelles de rochers Ptyonoprogne rupestris. Ne les voyant plus nicher sur les bâtiments au col, nous avons cherché si elles étaient toujours nicheuses ici. Effectivement, nous avons pu observer des nids et avons été étonnés par les supports utilisés. Sur les 26 nids recensés, 9 sont construits de façon traditionnelle, à la jonction du toit et du mur ; mais pour les 17 autres, le support est fourni par des anneaux métalliques, ce qui peut s’appeler « nicher au dessus du vide ». Sur ces résidences, les toits débordent largement à la verticale des murs. Le plafond du dernier étage se retrouve dépassant d’environ 1,5 m, avec à intervalles réguliers, soit des anneaux (quelle utilité ?) d’environ 8 à 10 cm de diamètre extérieur et 6 à 8 intérieur, soit des plaques carrées 10×10 chanfreinées, avec également un trou de même diamètre intérieur. Sur ces supports inattendus 1, 2 et même 3 nids y sont construits. Nous pensons que les hirondelles garnissent de boue en premier lieu le trou et se servent de cette assise pour finir le nid, ce qui permet à un deuxième couple de construire côté opposé, puis à un autre perpendiculairement aux deux premiers. Avantage non négligeable pour les propriétaires d’appartements, cela ne salit pas les murs. Il serait intéressant de savoir si des observations de ce type ont été réalisées ailleurs : voilà peut-être une idée à creuser par les architectes pour nos hirondelles urbaines en y ajoutant une protection anti-déjections, sur les murs, comme cela se fait ailleurs. De plus, sur un des immeubles, un couple d’Hirondelle de rochers nichait sous le faîtage.

Auprès des Pics noirs, de l’automne au printemps

J.-F.Gleyze

Le Pic noir Dryocopus martius, poursuivant son expansion vers l’ouest de la France, est observé dans le sud des Landes depuis près de 10 ans sans preuve de nidification. Un mâle et une femelle présents sur Ondres à trois kilomètres du cordon dunaire sont suivis d’octobre à mai. Les loges des deux comparses sont séparées de 200 mètres dans un secteur où figurent d’autres logis. Le couple observé se rencontre fréquemment et semble beaucoup plus sociable que la littérature ne le laisse entendre. Au printemps, le couple abandonne les deux cavités hivernales et est retrouvé à 1,5 km avec une nouvelle loge qui sera celle de la nidification. Quatre naissances sont constatées et les six individus quittent le cottage au premier envol des jeunes et n’y reviennent pas. Pour les loges, il semble que la recherche de pin mort soit privilégiée, en évitant ceux utilisés pour la recherche alimentaire. Les prochaines années mériteront un suivi pour confirmer ou non cette récente implantation.

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